Troubles spécifiques d'apprentissage: La dyslexie et les troubles de lecture
La dyslexie est un des symptômes possibles d'un trouble spécifique d'apprentissage. La dyslexie est un trouble de l'apprentissage de la lecture, lié à une difficulté particulière à identifier les lettres, les syllabes et les mots écrits et qui se manifeste en l'absence de tout déficit visuel ou auditif périphérique (cécité, basse vision ou surdité) ou intellectuel et malgré une scolarisation adéquate. La dyslexie entraîne souvent des difficultés orthographiques associées. Un trouble du traitement phonologique, donc de la perception et de la manipulation en mémoire des sons qui composent les mots, est observé dans environ 80% des cas de dyslexiques. Diverses difficultés langagières sont souvent également présentes. Il existe également des difficultés perceptives, visuospatiales et neurovisuelles (décrites comme l'empan visuoattentionnel) qui sous-tendent certains types de dyslexies.
Le terme de dyslexie est souvent utilisé à tort pour décrire une difficulté d'inversion des lettres en perception ou à l'écriture, ce qui est un mythe et qui est faux. La dyslexie est un trouble d'origine génétique, une dysfonction neurologique fine; c'est une mauvaise capacité du cerveau à s'organiser pour apprendre à identifier les mots écrits et qui se manifeste indépendamment du contexte éducatif, social, ou psychoaffectif de l'enfant. L'environnement et la capacité de mettre en place précocement des adaptations ciblées jouent un rôle important dans la capacité à éviter l'apparition trop grave des symptômes et l'utilisation des bonnes stratégies permet d'éviter la production de situations de handicap sévères. Il peut arriver, à la suite d'une lésion cérébrale, l'apparition d'une dyslexie acquise (ou alexie) chez des personnes qui lisaient tout à fait normalement avant cette atteinte du système nerveux central. Cette constatation, ainsi que plusieurs études en imagerie cérébrale fonctionnelle nous ont confirmé la nature neurologique de la dyslexie. Nous avons également une base scientifique solide sur les stratégies à viser dans un plan de traitement orthophonique, notamment pour traiter en orthophonie le trouble phonologique sous-jacent.
Conclure à une dyslexie, mais surtout intervenir
La dyslexie a été reconnue comme un trouble du développement des acquisitions scolaires par l'Organisation mondiale de la santé en 1991 qui estime qu'elle touche de 8 à 12 % de la population, dont 5 à 15 % des enfants. On arrive à une conclusion de dyslexie dans le cadre d'une évaluation pluridisciplinaire mais même avant de finaliser cette conclusion, toutes les autorités scientifiques nous incitent à intervenir dès que possible. Le nouveau critère diagnostique de persistance des difficultés retenu dans le manuel des troubles mentaux récemment mis à jour, le DSM5, est la persistance de difficultés depuis six mois (contrairement à un critère de persistance de 2 ans qui a déjà été utilisé dans le passé). L'évaluation permettra d'éliminer d'autres causes et de caractériser le type de dyslexie. L'évaluation de l'orthophoniste nous informera sur les dimensions langagières précises, établissant les forces et faiblesses dans la capacité du système neurologique à traiter l'information langagière orale et écrite et servira surtout à mettre en place un plan de traitement orthophonique. L'orthophoniste contribuera également à trouver les réponses les mieux adaptées pour l'école, en suggérant les adaptations requises et la différenciation pédagogique à mettre en place ainsi que pour procéder à la sélection, l'essai et la mise en place des aides technologiques.
Tout jeune d'âge scolaire qui ne peut lire normalement dès la deuxième année du primaire se retrouve à haut risque d'être en situation de sous-stimulation linguistique. En effet, les apprentissages tardifs du langage se structurent largement à partir de l'exposition aux textes écrits. Les acquisitions sur le plan du vocabulaire, des connaissances, des types de phrases, des temps de verbe plus complexes, des mécanismes plus complexes d'expression et de structuration de la pensée, des idées et de l'argumentation s'accélèrent à mesure que l'enfant devient un adolescent, et ce, surtout par la lecture de nombreux textes, articles, romans et autres écrits. La mise en place précoce d'un traitement orthophonique, lorsque requis, ainsi que d'aides technologiques, permet au jeune d'être exposé plus normalement au langage écrit.
Symptômes possibles (variables selon les cas et selon les causes)
Les erreurs que l'enfant commet en lecture peuvent être de plusieurs types :
- des confusions auditives qui ne peuvent être expliquées par un trouble auditif ou des séquelles de troubles auditifs.
- des confusions visuelles qui ne peuvent être expliquées par un trouble de la vision ou de l'organisation mentale de l'espace.
- des omissions, ajouts ou inversions de lettres ;
- une lecture partielle du mot (lecture lu letre) ;
- un mauvais découpage des unités qui le composent (beau lu be-au).
- une lenteur de lecture
- une intonation inadaptée, hachurée, monotone, etc.
- une telle difficulté à décoder les mots un après l'autre qu'il n'y a pas moyen de comprendre ou de se souvenir de ce qui a été lu
- un trouble de compréhension de lecture important